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Accueil du site / A la une... / De la sous-traitance à la maltraitance ?

Au cours des années 80, EDF a décidé de recourir massivement à la sous traitance pour assurer la maintenance de ses centrales nucléaires.

Il était urgent de se dégager des contraintes du statut du personnel d’EDF et du mode de relations salariales établis dans l’entreprise depuis 1945. Les raisons de ce choix ne sont pas seulement économiques : il n’était plus possible de respecter la réglementation en matière de dose annuelle admise.

Une nouvelle catégorie de travailleurs est apparue. On les appelle aujourd’hui les Nomades du nucléaire. Ils sont environ 20 000 en France à sillonner les routes, de centrale en centrale, au gré des arrêts de tranches. Leur avenir professionnel dépend de la fameuse dose radioactive mesurée en millisieverts (En France, la limite réglementaire pour les travailleurs exposés s’élève à 20 mSv sur douze mois). Tout dépassement de la dose met un terme à leur carrière de manière transitoire ou définitive. A partir de 1988, le volume de maintenance sous-traitée est passée 5 à 80 %. Ces travailleurs sont moins bien protégés que les employés sous statut, en matière de prévention des risques professionnels, de suivi médical, de reconnaissance d’une maladie professionnelle. Ils sont aussi du fait de leur mobilité, moins bien organisés collectivement et syndicalement.

Pourtant, ils supportent au cours de leurs missions l’essentiel de la « dose » radioactive. Ainsi EDF conserve des statistiques faibles de maladies professionnelles chez son personnel permanent. La vitrine du nucléaire doit toujours être impeccable et les nomades du nucléaire, avec 20 % de turn over, iront faire leur cancer ailleurs….

Le vieillissement des centrales nucléaires entraîne des besoins accrus de maintenance, alors que ces travaux sont réalisés dans des délais toujours plus courts, au mépris de la sécurité des travailleurs de la sous traitance.

Ils exécuteront aussi toutes les besognes les plus dangereuses et ingrates lors du démantèlement des centrales.

Il faut garder à l’esprit que ces travailleurs sont mal rémunérés, connaissent des conditions de vie précaires et supportent quelque fois pendant des décennies, l’éloignement de leur environnement familial. Compte-tenu de leurs faibles moyens, ils séjournent lors de leur missions dans des gîtes, ou des caravanes.

Ils peuvent être plombiers, décontamineurs, nettoyeurs. Sans eux, aujourd’hui en France, pas de lumière au plafonnier, pas d’aspirateur, pas de robot électrique….

C’est une population mouvante, quasiment invisible et inaudible, souhaitée par EDF pour étaler les « doses » pour notre plus grand confort.

Mais est-ce humainement soutenable ?

Films à voir : Grand Central, Nucléaire R.A.S

Autre article : liens entre nucléaire et cancer : écoutez Annie Thébaud-Mony

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